
Mark Rothko,
la peinture vous regarde
Emplie de couleurs, de sensualité, de drames et d’émotions, la peinture de Mark Rothko se révèle avec éclat dans ce subtil portrait du maître américain de l’expressionnisme abstrait. Mais cet esprit nuancé, aux idées de gauche affirmées, refusera sa vie durant tout catalogage. « Mon art n’est pas abstrait, il vit et il respire », affirme-t-il.
Admis dans la prestigieuse mais conservatrice université de Yale, cet élève brillant préfère s’initier à la peinture à New York. Fasciné par l’architecture de la ville, il peint les entrées animées des théâtres ou la solitude des quais
du métro, avec des silhouettes qui, bientôt, vont disparaître. Car, après le choc de la Seconde Guerre mondiale, Rothko renonce au figuratif, comme d’autres de ses confrères de l’école de New York, avec qui il s’est parfois lié
d’amitié, tels Barnett Newman, Jackson Pollock ou Adolph Gottlieb.
Le plus intéressant dans le film de Pascale Bouhénic, outre une série de tableaux peu connus que l’on découvre, c’est tout d'abord le séquençage en chapitres antinomiques (« Figure/pas figure », « Américain/pas Américain », « Abstrait/pas abstrait »…), qui pose les nombreuses contradictions de l’homme et de l’oeuvre, et, d’autre part, les témoignages des scientifiques et marchands de couleurs qui analysent la technique très particulière de Rothko, cuisinier diabolique capable de recréer à Manhattan des effets en usage dans l’Italie du XVe siècle pour les mettre au service d’une idée
encore plus vieille, puisqu’elle remonte aux néoplatoniciens grecs, puis aux peintres d’icônes russes.
Un film réalisé par Pascale Bouhénic
Année : 2023
Durée : 53’
Pays : France