Magritte ou la leçon de choses /
Chardin - "La Raie" - La Saveur de l'immobile
Magritte ou la leçon de choses
Au départ, une commande de la télévision, un artiste affable et disponible, juste avant que la gloire internationale ne le saisisse, et un texte de Breton 'La leçon des choses', dix lignes merveilleuses qui disent que les objets doivent être pris au sérieux. René Magritte est ici situé dans son travail de poète, de visionnaire, de perturbateur de mots et d’images. Ce n’est pas par hasard qu’on ne le verra pas se débattre avec sa toile et ses pinceaux.
Peindre est pour lui l’acte intermédiaire entre une proposition poétique et la perturbation des titres. Tout le film va se jouer sur la transformation des objets, la rupture des apparences, l’envers des choses. Il y a la présence de Magritte, ses textes lus en off par un comédien, ses proches surréalistes réunis bourgeoisement pour de grandes trouvailles littéraires et son univers pictural dans lequel Luc de Heusch se glisse jusqu’à l’entrée en "Magrittie"où les tableaux sont filmés décadrés, en continu, tels un monde cohérent mais étrange qui se termine sur un rêve minéral et l’idée d’éternité.
Un film réalisé par Luc de Heusch
Production : Ministère de l’Instruction Publique, RTBF
Année : 1960
Pays : Belgique
Chardin - "La Raie" - La Saveur de l'immobile
La Raie (1728) de Chardin pourrait n'être qu'une nature morte peinte dans la grande tradition hollandaise. Pourtant, ce tableau a fasciné Diderot et Marcel Proust dont les écrits sont abondamment cités. A leur suite, Alain Jaubert examine le tableau, décrit minutieusement les objets et les victuailles précisément disposés et s'interroge.
Que peut-il bien se cacher derrière cette raie éventrée ?
Après un bref historique du genre "nature morte" depuis l'antiquité égyptienne jusqu'aux peintres flamands qui lui donnèrent ses lettres de noblesse, il esquisse à grands traits le portrait et la carrière de Chardin (1699-1779), peintre de scènes de genre et de natures mortes dans lesquelles sont mis en scène les objets les plus ordinaires. Il fait appel à la
palette graphique pour étudier la composition de La Raie et pour reconstituer son élaboration. Ayant montré la séparation du vivant et de l'inanimé, du cru et du cuit, le réalisateur révèle la dimension sauvage, mais cachée, de la raie, devenue modèle emblématique de Chardin.
Éventrée et sanglante, c'est elle qui confère au tableau toute la violence d'une scène historique.
Un film réalisé par Alain Jaubert
Production : Palettes
Année : 1992
Pays : France